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29 novembre 2007

Dans le temps

« La plupart des gens ne voient pas le temps qui, plus encore que l'air, est leur élément naturel. » (Jean Tardieu, La Part de l'ombre) Les années 80 71f09d625f914c826aa401d19ed67a47.jpg Les années 2000 7b921f5b136c9f6298b26932fc763d00.jpg

28 mai 2007

Réponse au questionnaire des quatre...

Cher Jean-Louis Kuffer
J'ai bien peur que Christophe Cottet-Emard ne soit pas en mesure de répondre au terrible questionnaire. C'est donc Christian qui s'y colle et qui vous passe le bonjour.

3f00197a7f9a0d105b9906ed5f9f3247.jpg* Les quatre livres de mon enfance :
- Perlette goutte d’eau de Marie Colmont, éditions Flammarion, collection Père Castor, (les aventures d’une goutte d’eau qui a peur de quitter son nuage et qui y retourne après son voyage sur Terre).
- Sylvain et Sylvette de Maurice Cuvillier (en voilà deux qui savent se débrouiller dans la vie !).
- Les séries Club des cinq et Clan des sept d’Enid Blyton, bibliothèque rose. (Fascinant pour un enfant solitaire).
- Tistou les pouces verts de Maurice Druon, bibliothèque rouge et or souveraine. (Pour l’atmosphère du conte plus que pour l’histoire de ce garçonnet au don étrange).

* Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore :
Parmi beaucoup d’autres :
- Vladimir Nabokov (pour la magie).
0f7ab273ddc36133fc8bb123d8443553.jpeg- Jean Tardieu, avec sa voix dans la tête (Photo ci-contre).
- Albert Cossery (le dernier aristocrate).
- Fernando Pessoa (mon plus grand choc poétique).

* Les quatre auteurs que je ne lirai plus jamais
Parmi les très nombreux :
- Probablement Philippe Djian (tant qu’il persistera dans son industrie).
- Jean-Chrispophe Rufin (je voulais comprendre comment un lecteur fin et avisé de ma connaissance avait pu trouver de l’intérêt à cette boursouflure qu’est Rouge Brésil).
- Alain Bosquet (René Char l’a magistralement remis à sa place).
- Saint-Exupéry (tout ça pour du courrier...).

* Les quatre premiers livres de mes prochaines lectures
- Le lieutenant Kijé et autres récits de Iouri Tynianov (j’ai déjà lu le lieutenant Kijé mais pas encore commencé les autres récits réunis dans le volume de l’Imaginaire / Gallimard). C’est la musique de Prokofiev qui m’a amené à cette histoire d’officier fantôme créé par une faute d’orthographe dans un registre administratif).
- Les chroniques de ma vie d’Ygor Stravinsky, éditions Denoël.
- La vitesse foudroyante du passé (poèmes) de Raymond Carver, éditions de l’Olivier, (besoin de respirer un autre air que celui de la « poésie » qui se bricole aujourd’hui en France.
- L’enfant et la rivière d’Henri Bosco, Folio, (que je vais relire pour la énième fois).

* Les quatre livres que j’emporterais sur une île déserte
- La Pléiade de René Char (tant pis si ça l’esquinte).
- Le dictionnaire amoureux de Venise de Philippe Sollers, éditions Plon, (pour me rappeler mes séjours vénitiens et ce qu’était la civilisation).
- Le guide des arbres et arbustes d’Europe d’Archibald Quartier (texte et cartes) et Pierrette Bauer-Bovet (illustration), éditions Delachaux & Niestlé. (Pour lutter contre le mal du pays).
- Le petit guide panoramique des fruits sauvages (zone tempérée de l’Europe) de Robert Quinche (texte) et Martha Seitz (illustration), éditions Delachaux & Niestlé. (Pour me rappeler mes promenades dans la campagne).c07149784be26dc0f17e78c6a7cda112.jpeg
Et si je ne devais pas pouvoir quitter l’île pendant longtemps, je demande d’avoir droit à un cinquième livre :
- Le guide des fleurs sauvages (zone tempérée de l’Europe) de Richard Fitter et Alastair Fitter (texte) et Marjorie Blamey (illustration), éditions Delachaux & Niestlé. (Pour rêver à mon retour dans les champs et les bois).

* Les derniers mots d’un de mes livres préférés :
- Hebdomeros de Giorgio De Chirico (Flammarion, collection l’âge d’or).
« Hebdomeros, le coude appuyé sur la ruine et le menton sur la main, ne pensait plus... Sa pensée, à la brise très pure de la voix qu’il venait d’entendre, céda lentement et finit par s’abandonner tout à fait. Elle s’abandonnait aux flots caressants des paroles inoubliables et, sur ces flots, voguait vers des plages étranges et inconnues. Elle voguait dans une tiédeur de soleil qui décline, souriant dans son déclin aux solitudes céruléennes...
Cependant, entre le ciel et la vaste étendue des mers, des îles vertes, des îles merveilleuses passaient lentement, comme passent les navires d’une escadre devant le vaisseau amiral, tandis que de longues théories d’oiseaux sublimes, d’une blancheur immaculée, volaient en chantant. »

* Les lecteurs blogueurs qui, comme moi, ne pourront peut-être pas résister à l’envie de répondre à ce questionnaire impossible :
- Quatre, ce n’est pas assez : au moins tous ceux et celles qui sont en lien sur ce blog.

En vignette : Photo de Jean Tardieu (par Christian Cottet-Emard)

22 février 2007

Un temps où les ondes furent confiées à des poètes

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En photo de couverture, de gauche à droite : Jean Tardieu, André Veinstein, Monique Prot-Vincent, Bernard Blin (une réunion de la rédaction des Cahiers d'Études de Radio Télévision, dans le bureau de Jean Tardieu. 1954-1955).

Robert Prot : Jean Tardieu et la nouvelle radio, L’Harmattan éditeur, collection Logiques historiques. 2006. 298 pages. 27 euros.

Francis Ponge, ami de Jean Tardieu, n’était pas tendre pour la radio, « la bourdonnante, la radieuse seconde petite boîte à ordures ! », persiflait-il dans un texte daté de 1946 : « Ah, comme il est ingénieux de s’être amélioré l’oreille à ce point ! Pourquoi ? Pour s’y verser incessamment l’outrage des pires grossièretés. » (“Pièces”, Poésie / Gallimard). On croirait que Ponge parle de la radio d’aujourd’hui, surtout quand il évoque dans le même texte «Tout le flot de purin de la mélodie mondiale ! »
Pourtant, en cette époque déjà lointaine, quand le pays s’extirpait de la guerre et de l’Occupation, « la boîte vernie » contenait bien les promesses d’un âge d’or, « un temps où les ondes furent confiées à des poètes » , disait Émile Noël dans Les chemins de la connaissance, sur France Culture. Un de ces poètes était Jean Tardieu, « bien connu du grand public pour son oeuvre poétique et théâtrale », souligne Robert Prot en quatrième de couverture de son livre en précisant : « On sait moins l’importance du travail qu’il a accompli à la Radio et à la Télévision. Son Club d’Essai a été à l’origine d’un nouveau programme (France Musique), mais aussi de nouveaux talents. »
Robert Prot se souvient aussi de l’esprit d’ouverture qui animait Jean Tardieu : « De Gaston Bachelard à Etienne Souriau, il a su faire venir les plus grands chercheurs et universitaires dans son Centre d’Études de Radio Télévision , qui est aujourd’hui devenu l’Institut National de l’Audiovisuel. »
C’est toute la période d’élaboration et d’évolution de la radio, de l’après-guerre à nos jours, que Robert Prot nous convie à découvrir en détails dans son livre. Riche de témoignages et d’anecdotes pour le plaisir de lecture, l’ouvrage offre aussi, dans son foisonnement d’informations, les qualités d’un précieux outil de recherche. La figure bienveillante et lumineuse de Jean Tardieu accompagne le lecteur dans ce cheminement complexe, dans cette véritable floraison de talents artistiques et de compétences techniques qui construisit, parfois avec des moyens limités et des budgets serrés mais avec la créativité et l’enthousiasme humaniste des débuts, la nouvelle radio.

Christian Cottet-Emard